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Les Piqueurs de mots
27 janvier 2013

Sans vampire ni zombie (mais avec un peu de rhododendrons)

Fauteuil livre

Ce matin, en nettoyant la litière du chat, il m'est venu cette admirable pensée que, décidément, toutes les grandes lectures sont une date dans l'existence (on me souffle dans l'oreillette que Lamartine a eu cette même réflexion quelques siècles avant moi. C'est absurde, Lamartine n'avait pas de chat.). Je me suis souvent demandé pourquoi un livre nous marque plus qu'un autre. Et s'il était vraiment possible d'affirmer à l'instar de ma cousine Chloé, 15 ans, que « Oui ! C'est <titre au choix sur 500000> de <auteur au choix sur 100000> qui est mon roman préféré de toute ma vie et de l'infini. Tu feras un Kikoulol à mes copines, si tu me cites dans ton article de m{censuré}.»

Avant de m'avouer vaincu, j'ai quand même tenté une expérience. Comme dans « Les Combustibles » d'Amélie Nothomb, j'ai jeté au feu tous mes livres en fonction de l’ordre d'importance qu’ils revêtaient à mes yeux. Histoire de voir lequel sera le dernier, the One, the Highlander, the Raphael Nadal. C'était sympa au début de voir brûler les Levy et Musso qui ont atterri par je ne sais quel mystère dans ma bibliothèque. Mais plus j'avançais dans mon autodafé, plus les choix devenaient douloureux. Les Paasilinna m'amusent beaucoup, mais il faut reconnaître qu'ils ne sont en aucun cas exceptionnels. Les Balzac me barbent, mais est-ce que je peux décemment m'en séparer ? Bref, je me suis retrouvé avec une bonne trentaine de titres qui ont tous été, d'une manière ou d'une autre, d'une grande importance dans ma vie. Parfois c'est par leur contenu. Parfois c'est par le contexte pendant lequel ils ont été lus. Quoi qu'il en soit, c'est comme la première fois où vous dansez le Gangnam Style, il y a clairement eu un avant et un après. Vous n'êtes plus tout à fait le même, même si vous avez toujours la même tête d'ahuri quand vous vous regardez dans la glace.

Ces chroniques (oui, je mets intentionnellement ce mot au pluriel, je pense récidiver) auront pour prétention de présenter le rapport particulier que j'entretiens avec la littérature. Et comment l'enfant trop rêveur pour se concentrer plus de cinq minutes est devenu un lecteur boulimique qui ne peut plus vivre sans sa bibliothèque. Je compte agir avec méthode et discernement (je ne sais pas trop ce que la dernière phrase veut dire, mais ça fait le gars qui sait ce qu'il fait et où il va, donc je laisse). Chacune de mes chroniques s'appuiera sur un livre particulier pour parler d'un événement incroyablement passionnant de ma vie. Alors si vous ne m'aimez pas et que vous n'aimez pas non plus la littérature, vous êtes bien cons d'avoir lu cet article jusqu'ici. Je vous laisse donc reprendre tranquillement vos vies de gueux. Quant aux autres, les vaillants, les courageux, les inconscients, veuillez monter à bord de la DeLorean et revenons en... 1997 !

DeLorean

Il y a un moment où tout homme se regarde dans la glace, en se demandant comment il va occuper le reste de son existence. A ce moment là, au début de l'année 1997, le bilan ne m'était pas spécialement favorable. J'étais engagé dans des études de comptabilité qui ne me plaisaient guère. J'usais alors de stratagèmes digne d'un épisode de Breaking Bad pour ne pas aller en cours. Un stage en entreprise m'a prouvé que si je restais dans ce milieu encore une année, j'aurai fini en candidat de jeu télé. Un examen plus profond m'a fait réaliser que j'étais extraordinairement doté d'aucun talent. Il y a bien le tennis qui occupait une grande partie de mon temps. Les matchs au milieu de gradins vides en furie me galvanisaient. Mais il faut reconnaître que j'ai blessé plus d'oiseaux avec mon revers coupé ravageur que je n'ai gagné de grands tournois. Il y avait également les jeux video qui m'ont tenu compagnie lors d'innombrables nuits blanches. Je n'étais pas très futé, mais j'avais quand même l'intuition que champion de jeux video, c'était une carrière pour le moins aléatoire. J'étais donc dans une terrible impasse et, de désespoir, je me voyais déjà m'habiller en gothique.

Un jour j'avais décidé de me rendre en classe (je crois qu'il y avait un plat qui me plaisait à la cantine), un camarade de classe me parle d'un romancier qui m'était alors complètement inconnu. « Stephen King, quel drôle de nom... Le mec déjà il est prétentieux, il se prend pour un roi. » (je vous retranscris en gros les propos qui me sont passés par la tête, histoire de vous dire que j'étais parti vraiment très très loin sur la planète Christophe Lambert). Il a quand même suffisamment éveiller mon intérêt pour que je revienne en cours le lendemain afin que mon compagnon de combat me prête quelques uns de ses livres. Parmi eux, celui par lequel j'ai commencé, se trouvait « Simetierre ». Le correcteur orthographique est en train de prendre feu, mais je vous promets que le titre est correctement écrit. Et là, le choc !

Et là, c’est le moment de vous faire mariner en employant une digression agaçante. Il faut savoir que, jusque là, je n’avais jamais vraiment beaucoup lu. Et ce, malgré mes visites frénétiques à la bibliothèque du village. En effet, chaque livre avait sa petite fiche à l’intérieur, avec le nom de toutes les personnes qui l’avait emprunté. Mon petit jeu a été pendant plusieurs années de faire en sorte que mon nom se retrouve sur le maximum d’ouvrages. C’est ainsi que, à 15 ans, j’ai « lu » tous les Balzac, les Zola, les Maupassant, le Coran, l’intégralité de La Recherche, les méthodes Assimil du Finnois, du Russe et de l’Arabe égyptien, les traités de Lacan et j’en passe. Mais je n’avais jamais vraiment pris la peine de voir ce que ces bouquins me racontaient de beau. Fin de la digression, merci pour votre attention (en plus ça rime, c‘est sublime).

chat cimetiere

Je me retrouve donc happé par le « Simetierre » de Stephen King. Et de faire la grande découverte que tu pouvais vraiment avoir les chocottes en lisant un roman, comme quand tu croises un clown aviné sur un VCub (attention, il sévit actuellement du côté de la place des Grands Hommes). Pour résumer vite fait, c’est l’histoire d’une famille qui s’installe dans un bled paumé, près d’un cimetière où l’on enterre les animaux domestiques. Un jour le chat de la famille crève, et bien sûr on l’enterre dans le cimetière. Sauf que le matou revient le lendemain et réclame sa pâté Felix comme si de rien n’était. Affolement dans la famille. On n’a plus de pâté, mais surtout la dernière fois qu’ils ont vu leur chat, il était approximativement mort. Et puis son comportement est un peu étrange… Je vous laisse découvrir la suite, parce que je ne vais pas faire tout le boulot non plus.

Cette lecture a fonctionné comme un catalyseur. J’ai tout de suite enchaîné sur une petite dizaine de romans, toujours écrits par Stephen King . Et plus je lisais, plus j’avais envie d’en découvrir davantage dans le domaine de l’horreur. C’est donc logiquement que j’ai lu d’autres auteurs comme Peter Straub et Ira Levin, dévoré des romans de la collection Gore et vu de nombreux films d’horreur. Pendant quelques mois, j’ai vécu en compagnie de loups-garous, de momies, de psychopathes, de croquemitaines, et cela m’a fait un bien fou. Certaines angoisses ont pris enfin forme et pouvaient ainsi être vaincues. Je vous rassure, je ne vous ferai pas un cours sur la fonction cathartique de l’horreur, ce paragraphe est assez sérieux comme ça. Mais j’ai réalisé que les vampires et les zombies n’étaient que dans ma tête. Et que seuls existaient vraiment les rhododendrons du jardin. Mais ça, c’est une autre histoire, où il sera aussi question de lys, de cactus et de Fleurs du mal.

Psycho_Loutre

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