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Les Piqueurs de mots
30 juillet 2013

Cucurbitulaïsme

autobiographie-d-une-courgette

D'après l’Académie française,  notre langue comporte entre 50 et 200 000 mots. Un tel écart se justifie selon que vous soyez footballeur ou astronaute. A première vue, nous disposons donc d’un vocabulaire plus ou moins étendu qui nous permet d’exprimer de nombreuses idées et autres concepts. Seulement voilà : l’homme a aussi inventé la poésie, dans le but certain de justifier l’emploi d’un mot à la place d’un autre. En effet, sa patience a des limites, et il ne se voit pas apprendre les 200 000 mots de sa langue, alors qu’il y a tellement de trucs bien à la télé. Ainsi, quand je dis « toile toute trempée et tachetée » j’utilise une allitération en t, mais surtout je parle d’une serpillère. Et je viens, par mon ignorance, d’employer ce que l’on appelle communément une figure de style. Il en existe toute une flopée. Quand je dis, par exemple : «Hercule des temps modernes, j’utilise un pédalo comme moyen de locomotion », je fais une métaphore en me comparant au héros grec. Quand j’ajoute « Et je t’invite à boire une méduse », je ne parle pas bien sûr du contenant (la bestiole) mais du contenu (de l’eau à 98% et du truc dégueu indéfini à 2%). Cela s’appelle une métonymie. Enfin, quand je conclus par « Ton intelligente connerie me fascine », je fais un oxymore, par lequel je rapproche deux termes contradictoires.

Poètes en herbe et fans de tuning ont donc en commun qu’ils utilisent, volontairement ou pas, des figures de style.  La langue française étant trop sérieuse pour qu’on en rit, il y a donc urgence à légiférer sur l’utilisation de certains procédés littéraires afin qu’on n’en dénature pas la portée. On en prend pour preuve la synecdoque, qui a beaucoup souffert d’utilisations abusives. On rappelle que derrière ce qui ressemble à un nom de médicament se cache en vérité une figure de style des plus pratiques puisqu’elle permet de remplacer un mot par un autre ayant une relation d’inclusion avec celui-ci. En langage civilisé, quand un journaliste titre par exemple : « Bordeaux champion! », il faut entendre que c’est l’équipe de Bordeaux qui a gagné, et non le Bordelais lambda qui est resté chez lui en slip à faire des mots croisés.

 

Voici donc ma contribution en faveur de l’avancée de la langue française, pas encore validée par l’Académie, mais comptez sur moi pour me battre afin que ma proposition soit reconnue, appliquée et enseignée dès la prochaine rentrée scolaire : je propose que l’on utilise le terme « Cucurbitulaïsme » pour désigner toute action qui emploie le verbe «courgetter » (j’anticipe sur les mots qui apparaitront dans le Larousse de 2017). Par exemple : « Longtemps, je me suis courgetté de bonne heure ». Ou encore : « On ne courgette pas avec l’amour ». Vous voyez, c’est très simple d’utilisation et très pratique si jamais vous êtes las d’apprendre les 12 000 verbes que propose le Bescherelle. Le rêve devient donc réalité (et, au passage, lisez "Autobiographie d'une courgette" de Gilles Paris, c'est drôle, c'est triste, c'est superbe).

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